Un atelier de mécanique ou de carrosserie, c’est bien connu, peut être très bruyant par moments. Bien entendu, la réduction des atteintes auditives passe d’abord par une réduction des bruits de forte intensité. Tant et aussi longtemps que cet objectif n’est pas atteint de manière à respecter les valeurs limites d’exposition réglementaires, le recours à des protecteurs auditifs aide à limiter les pertes auditives et les autres effets sur la santé.
Auto Prévention, en partenariat avec 3M, a mis à l’essai des protecteurs auditifs actifs (PAA), dans des ateliers de véhicules lourds et en carrosserie. Ces protecteurs auditifs sont munis de microphones qui reproduisent le son ambiant à l’intérieur du canal auditif, en le modulant en fonction de l’intensité choisie sur le bouchon. Le son ambiant est soit atténué soit amplifié, tout en étant limité à 82 dB(A). Ainsi, le bruit élevé est atténué à un niveau sécuritaire, tout en permettant d’entendre ce qui se passe autour de soi et de pouvoir tenir une conversation. Le même exercice a eu lieu en mécanique et esthétique automobiles au printemps dernier. Les conclusions ont été présentées dans la revue de septembre 2021.
2e VOLET DE MISE À L’ESSAI DES PAA
Les volontaires ont été recrutés dans 3 entreprises qui ont eu la générosité de nous accueillir : un atelier de mécanique de véhicules lourds, une carrosserie de véhicules lourds et une carrosserie de véhicules légers. Nous avons pu compter sur la collaboration de 8 techniciens (4 en mécanique de véhicules lourds, 2 en carrosserie (lourd et léger), 2 débosseleurs (lourd et léger)) et de 2 peintres de véhicules lourds. Ils ont accepté de porter des bouchons électroniques EEP-100 pendant 15 jours ouvrables et de répondre à nos questions. Les participants ont entre 1 et 25 ans d’expérience dans le métier. Sur les 10 participants, 3 portaient régulièrement des protecteurs auditifs passifs (PP) quand ils se sentaient exposés à des bruits de forte intensité. Les participants ont porté les PAA 94 % du temps où ils ont été exposés à des bruits forts, alors qu’auparavant, ils n’en portaient que 13,6 % du temps. Voici ce qu’ils ont pensé de leur expérience.
LEURS TÉMOIGNAGES
| Avec les PAA, je me suis rendu compte que j’étais moins fatigué, moins agressif, moins sur les nerfs tout le temps. Le gros bruit dans l’atelier, là ça me stresse. Avant ça, je ne m’en rendais pas compte. On s’habitue, mais on ne devrait pas s’habituer à ça, parce que c’est l’oreille qui en souffre et nous aussi. Bernard Villeneuve, technicien en carrosserie de véhicules lourds |
| Je suis moins fatigué. Avant, quand je sortais d’ici, je sentais un sifflement dans mes oreilles. Quand je prenais la route, je me sentais fatigué, comme si j’avais besoin de dormir dans mon auto. Brahim El Iraoui, débosseleur de véhicules lourds |
| Je me sens mieux quand je les enlève, parce que le son redevient correct, mais j’ai remarqué que ça me donne moins de maux de tête dus aux gros sons. Benoit Rollin Boucher, technicien en mécanique de véhicules lourds |
DES BÉMOLS ET QUELQUES SURPRISES
Quelques participants ont moins apprécié l’amplification des sons de faible intensité, mais ceux qui se sont déclarés atteints d’une perte auditive l’ont appréciée. Plusieurs participants ont mentionné qu’ils ont trouvé difficile de moduler le niveau de leur voix quand ils parlent et qu’ils « s’entendent » marcher ou entendent leur coeur battre. C’est un phénomène connu et documenté appelé « effet d’occlusion », qui se manifeste par l’impression que l’on parle fort et que la voix est déformée ou que l’on entend les sons de son propre corps. Il est causé par le fait d’avoir le canal auditif obstrué, peu importe le type de protecteur ou de prothèse auditive employé1. Certains participants ont trouvé la communication moins agréable quand le bruit ambiant est au seuil de la compression des PAA, comme quand un camion roule à proximité, ce qui donne l’impression que la voix de l’autre personne fluctue.
Nous avons constaté un niveau d’information inégal au sujet de la protection auditive dans les établissements visités. Selon l’article 137 du RSST, les protecteurs auditifs doivent être conforme à la norme CSA Z94.2. Or, nous avons rencontré des écouteurs et autres bouchons sans homologation utilisés comme protection auditive… et beaucoup de bouchons mis incorrectement, au point de les rendre peu efficaces. Un grand merci aux participants, ainsi qu’à Globocam Boucherville, Globocam Anjou et Carrosserie Châteauguay. Faites appel à nos services de formation et de conseils techniques pour vous aider à prendre le virage de la réduction de l’exposition au bruit et à faire bon usage de la protection auditive.
Abonnez-vous à la revue |
